MORITURI
TE SALUTANT
Adieu Bigdil et autres matches de football. Plus spectaculaires, plus intenses, plus forts que la concurrence, jeux, sports et autres divertissements s'annoncent violents et sanglants.
Le fair-play n'a décidément aucun avenir.
Running Man et Rollerball : Ben Richards (Arnold Schwarzenegger) et Jonathan E. (James Caan) dans l'enfer du jeu. Photos DR.
"On vous apporte du bonheur et de la violence ". Le slogan de la chaîne ICS dans le film Running Man convient à toutes les formes de spectacles futuristes décrites au cinéma. Finies convivialité et finesse, voici venue l'ère de la brutalité et de la haine. La tendance de l'avenir, c'est le passé, avec le retour aux bons vieux jeux du cirque. Simples et basiques : un vainqueur et un vaincu, un héros et un mort. Pas de réflexion. Seule compte l'action.
Pour offrir un spectacle toujours plus intense et donner au public de belles poussées d'adrénaline, le divertissement fait l'objet d'une véritable surenchère en matière d'images chocs. Et qu'y a-t-il de plus violent que la mort d'un homme en direct ?

Running Man (1987, Paul Michael Glaser) et Rollerball (1975, Norman Jewison) portent les noms des divertissements qu'ils mettent tous deux en scène.

Le premier est un jeu sadique qui fait fureur à la télé. Des "traqueurs " se lancent à la poursuite de détenus au milieu des ruines de Los Angeles, détruite par un tremblement de terre en 1997 (sic). Lorsqu'ils les trouvent, ils les tuent en les découpant, en les brûlant, en les écrasant, avec la bénédiction du gouvernement… C'est mignon tout plein et pas du tout immoral mais ça c'est la publicité qui le dit.

 

Le rollerball véhicule, lui, les nobles valeurs du sport : la violence, la haine, la destruction... Deux équipes s'affrontent sur une piste semblable à celle d'un vélodrome. Les joueurs se déplacent en rollers et sont équipés comme des footballeurs américains (à la seule différence que leurs gants sont cloutés). Leurs équipiers à moto les tractent pour les aider à prendre de la vitesse. Les matches sont de vrais pugilats. Tous les coups sont permis pour attraper la balle d'acier propulsée à 190 km/h et marquer. La vie des joueurs est représentée sous la forme d'une ligne lumineuse qui raccourcit après chaque blessure, jusqu'à s'éteindre : représentée comme dans un jeu vidéo, la mort d'un homme relève de la pure anecdote.

Rollerball : ce "sport" ultra-violent verra ses règles changer en cours de championnat. Plus de pénalités, des changements de joueurs limités en demi-finale et une finale sans limite de temps. Le vainqueur est le dernier debout. Photos DR.
L'opium du peuple
Etat : 1. Citoyen : 0.
Les héros se prennent au jeu

Retour au sommaire
Ecrire à l'auteur