Le
siège de la Tyrell Corporation est dans Blade
Runner l'illustration parfaite du pouvoir de la science.
Cette improbable pyramide qui domine Los Angeles apparaît comme
un temple moderne érigé à la gloire de la génétique.
C'est dans ce bâtiment que naissent les Répliquants, des
hommes et des femmes adultes créés de toutes pièces
à partir d'organes et de tissus cultivés en laboratoire.
Le mythe prométhéen mis en lumière par Mary Shelley
dans Frankenstein trouve ici un écho futuriste. Mais
comme le monstre avant eux, les Répliquants sont traqués
et abandonnés par leur créateur. Sans père ni mère,
Roy Batty et ses compagnons se mettent en quête de connaître
leur date de naissance et leur durée de vie.
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Ces êtres forts et intelligents vont finalement trouver dans les scientifiques qui les ont créés des hommes médiocres et faibles. C'est un frêle vieillard pas très courageux qui a conçu leurs yeux. Un généticien en marge de la société et souffrant d'un vieillissement accéléré a élaboré leur corps. Tyrell, à l'origine de leur esprit, s'avère orgueilleux et misanthrope. L'attitude d'abord craintive et respectueuse de Batty se mue progressivement en une déception rageuse qui va le pousser à tuer sauvagement Tyrell. Celui qu'il appelle son "père " a été incapable d'apporter des réponses à ses questions. | ||
La
recherche de l'exploit et du profit règnent sur une science qui
ne se préoccupe pas des conséquences de ces actes.
Une attitude sanctionnée par la mort : l'Homme, malgré sa
toute puissante génétique, ne peut porter le costume de
Démiurge décidément trop grand pour sa taille.
C'est finalement Dieu qui accorde à ces êtres abandonnés par leurs pères et aussi humains que les autres, la paix qu'ils recherchent. Sentant sa fin proche, Batty préférera laisse la vie sauve à Deckard (Harrison Ford), le blade Runner chargé de l'éliminer. Il meurt et laisse s'échapper vers un ciel bleu la colombe qu'il tenait dans les mains. L'âme de Roy Batty est en route pour le paradis et la rédemption. L'image est naïve : elle a au moins le mérite de rappeller que l'humilité est la première des vertus lorsqu'il s'agit de toucher à la vie. |
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