TOUT LE POUVOIR
AUX IMAGES
Violence et manipulation : le petit écran n'offrira rien de bon aux futurs téléspectateurs. Pour éviter des programmes bien plus dangereux pour l'esprit que des épisodes de Derrick, une seule solution : éteindre son téléviseur. Plus facile à dire qu'à faire.
Fahrenheit 451 : Montag (Oskar Werner, à droite) est contraint par son capitaine (Cyril Cusack) de brûler ses livres. Dans ce film, la littérature est interdite. Les antisociaux sont ceux dont les maisons n'ont pas d'antenne télé. Photo DR.

Pas un mot ne s'inscrit sur l'écran. Une voix off énumère les noms des acteurs et des techniciens. Illustrant le trajet des ondes de foyers en foyers, des zooms sur des antennes de télévision se succèdent à l'image. Le générique de Fahreinheit 451 plante de manière remarquable le décor : celui d'un monde écrasé par la dictature de l'image. Running Man (1987, Paul Michael Glaser) et Fahrenheit 451 (1966, François Truffaut) décrivent tous deux une société dans laquelle art, littérature et musique sont censurés ou interdits. Dans Fahrenheit 451, les livres sont brûlés car, selon le pouvoir en place, "ils rendent les gens malheureux et antisociaux"... et ont une fâcheuse tendance à faire réfléchir leurs lecteurs. Une seule forme d'expression est tolérée, celle qui nécessite des moyens si important que seul l'état peut l'utiliser : la télévision. C'est une arme d'autant plus puissante que personne ne la remet en cause. Les images sont en effet considérées comme le reflet fidèle de la réalité.

" Voir c'est croire " rappellent les speakerines de Running Man. Dans ce film, les téléspectateurs auront en effet jusqu'au bout foi en la sacro-sainte télé. C'est une vidéo qui accuse à tort le héros du film, Ben Richards (Arnold Schwarzenegger), d'avoir massacré des manifestants. C'est une autre vidéo qui finit par l'innocenter. Les gens ont la preuve qu'ils ont été manipulés par la première vidéo mais il ne vient à l'idée de personne de contester la véracité des images de la deuxième vidéo. La leçon n'est pas retenue : c'est le dernier qui diffuse qui a raison et les téléspectateurs restent des moutons sans le moindre esprit critique. Venant du réalisateur Paul Michael Glaser, qui fut dans les années 80 un des héros de la série télé à succès Starsky et Hutch, cette vision futuriste du public est pour le moins amère…
Running Man : Cette adaptation d'un roman de Stephen King (alias Richard Bachman) est surtout le plagiat d'un film réalisé par Yves Boisset en 1983, Le prix du danger (avec Gérard Lanvin et Michel Piccoli). Photos DR.
Elle vit sa vie par procuration...
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